10 juin 2005

Le Congrès du Baas

A la surprise générale le Congrès du parti Baas en Syrie a réélu le président Bachar al-Assad secrétaire général du parti, ce qui est un résultat aussi inattendu que lorsqu'Öcalan se fait réélire président du PKK ou Massoud Barzani président du Kurdistan. Le suspens fut insoutenable.

Maintenant, le Congrès a annoncé que plusieurs lois seront instaurées pour créer de nouveaux partis politiques et des médias privés. Un essai de "libéralisation" ? Si on examine les changements point par point, ils n'ont tout de même pas grand chose de nouveau, ayant déjà été testés, au coup par coup, même du temps de Hafez al assad. Ainsi "l'adoption d'une loi sur les partis et la révision de la loi électorale" pour l'organisation des élections législatives et locales" va peut-être permettre à des partis d'opposition de se présenter aux élections, mais ce fut déjà le cas en 1994, le Baas s'assurant de toute façon la prédominance au Parlement et ne faisant figurer que quelques autres groupes politiques (mais pas tous) à un niveau minoritaires, sans grande importance politique. Cette fois-ci comme les autres fois, il est annoncé d'emblée que le "Baas conservera son rôle dirigeant "de la société et de l'Etat".

Quant aux partis concernés par cette "libéralisation", les restrictions concernant les mouvements ayant une "base ethnique, confessionnelle, religieuse ou régionale", visent naturellement à écarter les Kurdes et les Islamistes, ce qui est un recul par rapport à 1994, mais s'explique par l'activité plus visible des partis kurdes et de leur contestation nouvelle, notamment celle de Yekitî depuis le début des années 2000.

Par ailleurs, même dans l'opposition syrienne, le tabou demeure sur les revendications des Kurdes en tant que minorité nationale, qui jusqu'ici a empêché toute alliance réelle entre l'opposition arabe et celles des partis kurdes. Même les tenants d'une évolution progressistes et démocratiques de la société syrienne répugne à se mettre en porte à faux avec "l'unité de la Nation arabe", en reconnaissant des droits culturels à des groupes autres que religieux dans le pays, d'autant plus que l'alliance kurdo-américaine leur paraît une menace directe.

Aussi les partis kurdes en Syrie ne peuvent guère attendre, pour le moment de reconnaissance "officielle", qu'elle vienne de l'Etat ou des opposants politiques non-kurdes.