01 juillet 2005

Reporters sans frontières interpelle le secrétaire général de la Ligue arabe sur le sort de Mesud Hamid

ça s'est pas très gentil. Interpeller les pays de la Ligue arabe sur le sort d'un journaliste... A mon avis, la plupart des dirigeants vont siffloter en regardant ailleurs vu le nombre de représentants de la presse détenus ou "intimidés" dans leur propre Etat...

Enfin, selon le communiqué de RSF, "Le jeune journaliste en ligne est détenu depuis près de deux ans dans des conditions inhumaines". ça on s'en doute, les conditions de détention en Syrie sont particulèrement atroces, ce sont sans doute parmi les pires au monde s'il faut faire un palmarè. RSF indique que Massoud Hamed a été "régulièrement torturé" ce qui là aussi est tout à fait normal en Syrie, mais il n'y aura jamais dans les pays arabes de scandale des prisons syriennes, comme on a eu Abu Ghraïb (parce que c'est pas pareil, voilà) et "qu'il est aujourd'hui dans un état de santé préoccupant."

Bref, l'affaire : "Massoud Hamed est soumis à la barbarie des geôliers syriens depuis près de deux ans. Son seul crime est pourtant d'avoir pris des photos d'une manifestation pacifique et de les avoir publiées sur un site Internet. La ligue arabe ne peut fermer les yeux sur de telles exactions commises par l'un de ses membres." (ben tiens..).

"Massoud Hamed est détenu à la prison de Adra, dans la banlieue de Damas, un établissement pénitentiaire dirigé par Abou Chaghi. D'après des sources locales qui ont préféré conserver l'anonymat, le journaliste a passé sa première année de détention à l'isolement. Il n'est que depuis huit mois environ dans une cellule collective. Il aurait été torturé à répétition dans le mois qui a suivi son arrestation. Il aurait notamment été frappé sur la plante des pieds avec un fouet clouté. En raison de ces mauvais traitements, Massoud Hamed a aujourd'hui les pieds entièrement paralysés, il souffre de vertiges et de maux de dos. Par ailleurs, il n'est pas autorisé à porter ses lunettes, une interdiction qui a entraîné une grave baisse de son acuité visuelle. Massoud Hamed est autorisé à voir sa famille une fois par mois, pendant 10 minutes et à travers des barreaux. Par contre, on ne lui a jamais accordé le droit de rencontrer son avocat, Feysel Bedir. Ce dernier a demandé à plusieurs reprises à faire appel de la condamnation de son client, mais il n'a obtenu aucune réponse de la justice syrienne."

Tout est parti en fait des manifestations de rue des Kurdes syriens. En effet en 2003, les partis politiques kurdes et surtout Yekitî romptent le tabou de la rue silencieuse et Syrie et manifestent ouvertement devant l'UNICEF à Damas pour demander à ce que les Kurdes syriens de Jezireh arbitrairement privés de leur nationalité pour arabiser leur région, soit réintégrés dans leurs droits civiques. Déjà, le gouvernement avait peu apprécié cette publicité. Il y avait eu alors plusieurs arrestations. Mais Mesud Hamid a surtout fait quelque chose qui a beaucoup énervé les autorités syriennes, quelque chose qui les énervera aussi beaucoup l'année suivante au Serhildan 2004 : il a diffusé les images sur Internet, sur le site kurde www.amude.com, qui diffusera de la même façon nombre d'images des émeutes du printemps 2004 et des manifestations de cette année contre l'assasinat du cheikh Xeznewî. D'où l'énervement de Bachar el Assad au dernier Congrès du Baas, qui présente Internet comme une source subversive qui corrompt l'esprit de la jeunesse syrienne.

Et donc "La Cour de sûreté de l'Etat a condamné Massoud Hamed, le 10 octobre 2004, à trois ans de prison. Il a été reconnu coupable d'"appartenir à une organisation secrète" et d'avoir "tenté de rattacher une partie du territoire syrien à un pays tiers"( le Kurdistan, pour ceux qui n 'auraient pas compris).

Source Reporter sans frontière et Amude.com.