21 juillet 2006

The End of Iraq


Peter Galbraith vient de faire paraître son livre The End of Iraq et a donné une brève interview au NY Times :

En tant que personne ayant occupé de hautes fonctions gouvernementales — vous avez été le premier ambassadeur des US en Croatie ainsi qu'un conseiller de longue date pour le Proche-Orient auprès de la Commission des Afafires étrangères au Sénat - comment définiriez-vous exactement le mot "nation"?

Une nation est un ensemble de gens partageant une identité commune. Nous pouvons attendre des Kurdes, des Chiites et des Sunnites qu'ils aient leur identité religieuse ou ethnique. Ce qu'ils ne partagent pas est une identité irakienne.

Cette remarque a été faite d'innombrables fois, mais vous êtes l'un des prmeiers auteurs à suggérer que le gouvernement américain abandonne totalement sa politique actuelle pour découper simplement l'Irak en trois Etats.

Absolument. Une confédération de trois Etats.

Comment les appelleriez-vous ?

Pourquoi pas Kurdistan, Sunnistan et Shiastan?

Facile à retenir. Quelle est la religion des Kurdes?

Ils sont majoritairement musulmans sunnites.

Pourquoi dans ce cas Saddam Hussein et ses correligionnaires les haissaient si fort ?

Parce que c'est un fasciste, au sens classique du terme. Il croyait en une race de maîtres, les Arabes, et donc les Kurdes étaient un peuple inférieur dans ce grand pays arabe.

Qui sont les Kurdes les plus célèbres ?

A part les présidents de l'Irak et du Kurdistan, le plus célèbre, historiquement, est Saladin, le conquérant musulman qui prit Jérusalem aux Croisés.

Ce qui est fascinant, si l'on considère que Saddam Hussein se proclamait lui-même le Saladin des temps modernes.

Il s'est lui-même drapé du manteau de Saladin, baptisant même sa province natale d'après lui. Saladin est révéré par les Arabes, qui faussent son appartenance ethnique.

Avant la première Guerre du Golfe, vous aviez enquêté sur le génocide de Saddam contre les Kurdes, à un moment où à l'Ouest très peu y prêtaient attention.

Je suis réellement tombé sur le début du génocide en 1987, alors que je voyageais au Kurdistan j'ai vu la destruction systématique des villages tout le long de ma route. Plus tard, j'ai préparé 14 tonnes de documents à destination des US, dont des listes de gens qui avaient été rassemblés et massacrés.

Et Harvard, votre alma mater, a refusé de les prendre, ce qui n'était pas très brave.


Ils s'inquiétaient d'une possible attaque terroriste contre la Widener Library. Les documents sont partis aux Archives nationales.

N'êtes-vous pas un peu vieux pour publier votre premier livre ?

Même si c'est une floraison tardive dans le champs de la littérature, il est original.

Vous voulez dire que le livre est original ?

C'est original que l'auteur d'un premier livre de 55 ans l'ait réellement lui-même écrit.

Bien sûr, vous avez eu un grand professeur — votre père, John Kenneth Galbraith, l'économiste de renommée mondiale, qui est mort en avril, à l'âge de 97 ans.

Il a gardé l'esprit clair jusqu'au jour de sa mort. Il était très intéressé par ce livre. Il a lu les quatre premiers chapitres, et les a beaucoup aimés. Il a fait de petits commentaires d'ordre éditorial, dont j'ai tenu compte.

Il en a fait à coup sûr un grand nombre, quelque 40 livres dont le classique des campus "American Capitalism" et "La société d'abondance."

Il était très discipliné dans son écriture. Mon père disait toujours que ce n'était qu'à partir de lacinquième ébauche qu'il introduisait cette touche de spontanéité pour laquelle ses écrits sont fameux.

En d'autres termes, les grands livres ne sont pas écrits, ils sont réécrits.

C'est ce que je crois.

Est-il vrai que votre père ait inventé l'expression de "sagesse conventionnelle"? ceci en tout cas, est de la sagesse conventionnelle.

Et dans ce cas précis, la sagesse conventionnelle a raison.