07 mai 2005

Madame FMI en Turquie

La Turquie est un des pays les plus lourdement endettés auprès du Fonds monétaire international (FMI). Cette dépendance peut avoir des conséquences positives, par exemple lorsqu'il s'agit de décourager les crises des va-t-en guerre turcs en leur rappelant discrètement qu'il faudrait avoir les moyens de cette guerre, à moins de vouloir finir au niveau politique et économique de la Tanzanie... Mais parfois, lorsque les têtes pensantes (si l'on peut dire) du FMI donne des conseils économiques à un pays dont il ne semble pas connaître la réalité, il y a des commentaires "inspirés" qui font tiquer.
Hier, Anne Krueger, directrice générale adjointe de cette organisation, a déclaré que la Turquie devait "s'efforcer de réduire sa dette publique, faire reculer le chômage et le secteur informel pour consolider les bénéfices de la croissance spectaculaire survenue depuis la crise".
Jusque-là, rien à redire, c'est aussi l'objectif des critères d'entrée dans l'UE. Anne Krueger rappelle ensuite qu'en trois ans , "la Turquie est parvenue à abaisser de 90% à 63% le niveau de son endettement rapporté au PIB après avoir signé, en 2002, un prêt de 16 milliards de dollars (12,3 milliards d'euros) avec le Fonds".
Ce qui effectivement donne droit de semonces et de conseil au FMI, d'autant plus qu'un nouveau prêt (10 milliards de dollars) doit être examiné par le conseil exécutif du FMI. Donc madame Krueger y va de ses conseils (ou directives) pour la reprise de l'économie turque. "Domaines prioritaires: le secteur financier, les finances publiques et le marché du travail" et recommande aussi "d'abaisser le salaire minimum, aujourd'hui de l'ordre de 350 YTL (environ 260 USD ou 200 EUR)", "d'assouplir la législation, qui complique les licenciements", "figurent parmi les mesures dont dispose le gouvernement, selon elle. "Partout dans le monde, l'expérience prouve que lorsque vous imposez des salaires minimum assez élevés, vous découragez l'emploi", a-t-elle dit. "
Je n'y connais rien en économie, mais je pense qu'au FMI on vit dans un autre monde. "Abaisser le salaire minimum !" Dans les régions où le taux de chomage est le plus fort, le salaire minimum est effectivement d'environ 200€ par mois, que l'on soit serveur ou que l'on trime dans les champs de coton. c'est-à-dire 2 euros la journée, la journée allant de 8 heures du matin jusqu'à 10 heures du soir. Or ce que l'on constate tout de suite, c'est que ce chiffre de 200 euros par jour ne semble pas avoir bougé depuis 2002. Le coût de la vie, lui, a augmenté de combien ?
Les statistiques officielles de la Turquie donne un taux de chômage de10,3% en Turquie pour 2,5 millions de demandeurs d'emploi. Inutile de dire que ces chiffres ne doivent pas trop correspondre à la réalité. Dans la région de Van, ce taux avoisine les 70%. Il y a des millions de réfugiés, venus du secteur paysan, qui se sont entassés autour des métropoles. La plupart des hommes n'ont pas d'emploi, ou de façon précaire. Les gosses ou les femmes travaillent souvent pour faire vivre leur famille (parfois il n'y a plus d'hommes pour cela). Ce que le FMI ne semble pas voir, c'est que le "cher Sud-Est" est un pays sinistré, dont l'économie paysanne a été détruit par la guerre, et qu'abaisser le salaire minimum (j'aimerais bien que madame Krueger essaie de faire vivre sa famille et elle-même avec 200 euros par jour en Turquie) ne servira à rien. Sinon à précariser et à affamer d'avantage le salariat masculin en âge de travailler. Le reste du temps, de toute façon c'est la sous-main d'oeuvre femmes/enfants qui est exploitée.

(source AFP)

06 mai 2005

La Turquie rassemble des troupes sur la frontière irakienne

Des sources kurdes (PKK) mentionnent que des milliers de soldats turcs sont rassemblés près de la frontière irakienne, dans les régions kurdes de la Turquie. Les troupes ont été identifiées : ce sont des unités de deux brigades, celle de Bolu et de Kayseri. Selon les mêmes sources kurdes, ces commandos ont été vus dans le district de Cukurca (Hakkari). A peu près 10.000 hommes y seraient déployés.

Selon la télévision Roj TV (pro-PKK) ces préparatifs ont été faits dans le cadre d'une opération contre le Kurdistan du sud (Irak). Il faut savoir que le 1er mai un groupe se réclamant du PKK avait revendiqué l'attentat de Kusadasi.

Toujours selon Roj TV, la brigade de Bolu, déployé à Lice (Diyarbakir) se prépare à attaquer le nord de l'Irak, principalement les régions d'Akdag, Andok, Dorse, Saggoze et Senyayla.

Une chose est sûre : cet attentat au demeurant assez minable dans les moyens et dans les résultats intervient à point nommé pour légitimer une incursion militaire au Kurdistan d'Irak. De même le mystérieux groupe "Les Faucons de la libération", qui rappelle celui, non moins mystérieux des "Faucons d'Apo", semble toujours surgir de nulle part de façon assez opportune quand il s'agit de doper les autres "faucons", les Turcs pro-interventionnistes en Irak.

05 mai 2005

Fédéralisme ou pas ?

A Erbil, on fait exploser leurs ados, à Bagdad, on essaie de les entuber. Furax les Kurdes d'Irak, en ce moment. Les membres du nouveau gouvernement on en effet prêté serment mais en escamotant quelques mots dans le texte. Ils devaient, en effet, jurer de préserver "l'indépendance de l'Irak, sa souveraineté et son régime fédéral et démocratique." Eh bien ils ont seulement juré de préserver les deux premières options en oubliant, quelle étourderie, le fédéralisme et la démocratie."

Or, la région kurde a uniquement accepté de rester dans l'Etat irakien, qu'à la condition que le fédéralisme soit respecté. ça commence bien.

04 mai 2005

Attentat à Erbil

Attentat suicide à Erbil, capitale du Gouvernement Régional du Kurdistan, devant un bureau du KDP. Autour de 60 personnes seraient mortes et 150 blessées.

La cible était un groupe de jeunes policiers, qui se trouvaient dans les locaux appartenant au KDP, transformés en centre de recrutement. Le tueur s'était mêlé à eux, se présentant comme volontaire avant de se faire exploser.